Innovation Culture

Ariane 5, précurseur jusqu’au bout 10/07/2023 |  4 minutes

Suite
Lire
Cover

La toute dernière mission d’Ariane 5 était un lancement double, la configuration « signature » du lanceur européen.

 

Double, ce lancement l’est à plus d’un titre car, pour son ultime mission, le lanceur de construction franco-allemande emportait le satellite de télécommunications militaires français SYRACUSE 4B et le satellite de communication allemand Heinrich-Hertz-Satellit destiné à tester de nouvelles technologies en orbite.

 

Alors que SYRACUSE 4B assurera un rôle classique de défense, en dotant les forces armées françaises des capacités de communications les plus avancées qui soient, la plateforme expérimentale de télécommunications Heinrich-Hertz-Satellit, fruit d’une coopération duale exemplaire, aura la double fonction d’expérimenter diverses technologies de communication par satellite au profit de l’Agence spatiale allemande (DLR), au nom du ministère fédéral de l’Économie et de la Protection du climat, et d’emporter également une charge utile distincte dédiée qui fournira aux forces armées allemandes des communications sécurisées.

    01 01
    ©ESA ©CNES ©ARIANESPACE ©ARIANEGROUP

    Le rôle d’ArianeGroup pour cette mission était également double. Non seulement nous avons livré le lanceur qui a placé en orbite les deux passagers, mais nous avons également conçu et fourni le système propulsif du satellite Heinrich Hertz qui lui permettra d’accomplir sa mission durant les 15 années de sa durée de vie nominale en service. Ses propulseurs ont été développés et fabriqués sur notre site de Lampoldshausen, où s’est également déroulée l’intégration du système propulsif complet avec le satellite, tandis que les réservoirs proviennent du site de Brême.

     

    Alors qu’Ariane 5 tire sa révérence, difficile de trouver meilleur exemple d’efficacité que cette dernière mission, symbole d’excellence des services que ce lanceur aura livrés pendant toutes ces années, en bon « Space Enabler » qu’il fut, afin de garantir à l’Europe une posture de sécurité permanente, aujourd’hui et demain.

    Ariane 5 : pilier de la défense européenne

    Pendant ses 27 années de carrière, Ariane 5 aura été un fer de lance de la défense européenne, en plaçant en orbite de nombreux satellites à vocation militaire et sécuritaire couvrant l’intégralité du spectre de missions que les systèmes spatiaux assurent en matière de défense et sécurité : reconnaissance pour le renseignement, communications sécurisées pour le commandement et contrôle des opérations, l’écoute électronique pour l’alerte avancée des menaces.

     

    Les systèmes satellitaires lancés par Ariane 5 ont ainsi considérablement renforcé la défense européenne.

    Le pourvoyeur de technologies de pointe pour l’Europe

    Ariane 5 a lancé tous les systèmes de télécommunications de dernière génération des grands États européens pour leurs besoins militaires et sécuritaires : Skynet 5 pour le Royaume-Uni, SYRACUSE 3 & 4 pour la France, Sicral-2 pour l’Italie, et Secomsat – XTAR-EUR et Spainsat – pour l’Espagne. En Allemagne, Ariane 5 a doté la Bundeswehr de sa première capacité de communication détenue et exploitée en propre, en lançant les deux satellites du système SatcomBW en 2009 et 2010.

      01 01
      ©ESA ©CNES ©ARIANESPACE ©SERVICE OPTIQUE

      Ariane 5 aura été un vecteur de progrès pour des technologies de défense uniques en Europe. Par exemple, le démonstrateur français de constellation Essaim, constituée de quatre microsatellites d’écoute électronique lancés en 2004 pour une durée de six ans, a été le précurseur du système actuel CERES de renseignement d’origine électromagnétique (ROEM). De même, en 2009, une Ariane 5 ECA a permis de réaliser une autre démonstration inédite en Europe : le lancement des deux microsatellites français d’alerte avancée Spirale, grâce auxquels le ministère français des Armées a pu collecter et analyser des images en infrarouge sur fond terrestre, afin de détecter le départ de missiles balistiques le plus tôt possible après leur lancement, en l’occurrence au cours de leur phase propulsée. Là encore, le but de cette mission était d’expérimenter un futur système opérationnel qui constituerait un maillon clé de la chaîne de défense antimissile balistique (DAMB).

      Artisan de la coopération européenne

      En 2004, le lancement par Ariane 5 d’Helios 2A, le premier des deux satellites français de reconnaissance optique de seconde génération, a marqué une avancée majeure pour les capacités européennes d’observation militaire, mais aussi une nouvelle dimension pour l’Europe spatiale, en créant de nouvelles formes de coopération qui ont présidé au concept de cadre commun de défense et sécurité européen.

       

      Fort des enseignements tirés du conflit au Kosovo en 1999, qui a révélé le retard de l’Europe sur les états-Unis en matière de moyens de renseignement, et ses conséquences pour son autonomie décisionnelle, la France a signé des accords bilatéraux innovants avec l’Italie et l’Allemagne prévoyant d’échanger ressources et données entre le système de satellites optiques Helios 2 et les systèmes de satellites radar COSMO-SkyMed et SAR-Lupe italien et allemand respectivement. Les trois pays partenaires ont ainsi pu profiter de tous les avantages complémentaires de l’imagerie optique et radar, et accroître ainsi fortement leurs capacités de reconnaissance.

        01 01
        ©ESA ©CNES ©ARIANESPACE

        Ce modèle fructueux de coopération internationale s’est depuis étendu et installé dans la durée. Deux satellites de télécommunications militaires, Athena-Fidus et Sicral-2, lancés par Ariane 5 en 2014 et 2015, font là encore l’objet d’un partenariat complet entre la France et l’Italie. Développés tous deux conjointement pour les ministères français et italien de la Défense, qui disposent chacun de leur propre segment sol, ces satellites fournissent des services aux forces armées des deux pays et emportent chacun des charges utiles françaises et italiennes.

         

        Merci pour tout Ariane 5 !

         

        Crédits : ArianeGroup, ESA, Arianespace, CNES, DLR.