Premiers boosters pour le BSB

Le nouveau bâtiment de stockage au Centre Spatial Guyanais de Kourou, siglé BSB, vient de recevoir ses deux premiers boosters à poudre. Destinés au deuxième lanceur Ariane 6, ces boosters sont les premiers d’une longue série… L’occasion de présenter ce bâtiment, exploité par ArianeGroup, sous toutes ses dimensions.

 

Les dimensions physiques

 

Pour bien visualiser les volumes, il faut commencer par se représenter les dimensions des boosters concernés. Les boosters, également appelés ESR pour Equipped Solid Rocket, sont composés d’une jupe cylindrique arrière, d’un propulseur P120C (le plus gros propulseur à poudre monolithe au monde, commun avec le premier étage du lanceur Vega) et d’une grande jupe avant avec son cône composite. Ils mesurent environ 22 m de hauteur pour 3,4 m de diamètre.

 

Le BSB a donc été conçu à la mesure de ces boosters : 60 m de long, 28 m de large et 32 m de hauteur, soit la hauteur d’un immeuble de 10 étages. C’est le plus grand bâtiment européen de stockage de produits pyrotechniques. Et pour des manœuvres précises et sécurisées, les opérations de stockage et de déstockage se font grâce à des palettes positionnées sur des rails, jusqu’au fardier de transport. Avec ses 12 docks verticaux, le BSB est ainsi dimensionné pour recevoir jusqu’à 12 propulseurs simultanément.

 

Une autre donnée est à prendre en compte : la charge au sol. Elle est évidemment très importante. Les boosters et leurs palettes pèsent jusqu’à 330 tonnes lorsque le fardier s’engage à l’intérieur. À cette charge utile, il faut ajouter le poids de la structure elle-même. Les fondations ont donc nécessité pas moins de 256 pieux de 12 à 23 m de long et une dalle béton de 60 cm pour assurer la solidité et la stabilité de l’ensemble.

 

Un bâtiment hors-norme ? Non, aux normes ! Le BSB pourra stocker jusqu’à 1900 tonnes de matière potentiellement explosive, ce qui implique des contraintes très fortes. Les concepteurs ont utilisé la démarche ERC (éviter, réduire, compenser) qui prévoit des actions préventives et correctives pour éviter les impacts environnementaux, réduire la portée des impacts non évités et compenser les impacts ni évités ni réduits. Résultat : le BSB est à plus de 700 mètres de toute autre installation.

Les dimensions stratégiques

 

700 m, ça paraît loin. Mais le BSB n’est pas nulle part : il vient compléter la zone des propulseurs dans le processus d’intégration du lanceur. Cette nouvelle infrastructure est en quelque sorte un espace logistique. C’est l’équivalent d’une zone tampon entre le bâtiment d’intégration, qui produit les boosters un par un, et la zone de lancement, qui les utilisent deux par deux, ou par quatre, selon la version d’Ariane. Pour rappel, Ariane 62 permet des lancements de classe moyenne et Ariane 64 des lancements de classe élevée.

 

Selon la version des moteurs ou la position angulaire du point d’interface avec le lanceur, il existe jusqu’à cinq configurations de booster différentes. Et pour plus de souplesse logistique, deux docks sont bi-compatibles. Ils pourront accueillir les boosters d’Ariane 6 comme les premiers étages de Vega, un système mécanique permettant de basculer d’une configuration à l’autre pour s’adapter aux deux types palettes.

 

Pourquoi tant de souplesse ? Pour augmenter la cadence ! La disponibilité immédiate des boosters garantit la possibilité d’une cadence élevée. Puisque les exigences de haut niveau spécifiées par l’Agence spatiale européenne (ESA) pour le développement d’Ariane 6 fixent notamment un objectif de capacité de deux lancements en quinze jours, il faut donc pouvoir déstocker jusqu’à huit boosters ! Grâce à la flexibilité opérationnelle qu’apporte le BSB, la production est dorénavant dimensionnée pour fournir les boosters nécessaires à douze tirs par an. Par rapport à Ariane 5, la cadence de tir sera doublée. Et le rythme de production des boosters eux-mêmes sera triplé. La montée en cadence est assurée !

Focus

La construction du Bâtiment de Stockage des Booster (BSB) a été développé par le CNES, maître d’œuvre, sous maîtrise d’ouvrage de l’Agence spatiale européenne (ESA) et en collaboration avec les équipes d’ArianeGroup en charge de son exploitation.


Grâce à ce bâtiment, ArianeGroup, en charge du développement, de la production et des opérations d’Ariane 6 avec ses partenaires industriels, disposera en permanence d’un stock de boosters immédiatement disponibles destinés à être intégrées au corps central d’Ariane 6 sur son pas de tir.


Les boosters qui viennent de rejoindre le BSB sont destinés au premier vol commercial du lanceur Ariane 6, commercialisée et opérée par Arianespace, prévu au premier trimestre 2025.