21.09.2023
Loin de l’espace et ses constellations, ArianeGroup part à l’assaut des océans. Pour assurer l’acheminement des composants d’Ariane 6 entre l’Europe et la Guyane française, ArianeGroup mise sur un navire hybride avant-gardiste, qui met le cap sur un transport maritime plus responsable.
Canopée, car c’est son nom, n’est pas un simple cargo de transport maritime. C’est le tout premier navire industriel hybride, à la fois vélique et thermique. Un vaisseau spacieux qui utilise aussi bien le vent que du combustible pour se propulser à travers les océans. Canopée est le personnage principal d’une très grande aventure, entamée il y a 6 ans. Plusieurs années pendant lesquelles une centaine d’ingénieurs et de techniciens se sont affairés à faire émerger ses 121 m de longueur pour 22 de largeur. À construire et peaufiner ses 2 moteurs diesel de 3840 kW. Et surtout à lui fournir ses ailes, 4 immenses voiles de 363 m2 chacune, qui le distinguent des autres cargos et marquent une avancée majeure pour le secteur du transport industriel maritime. Car si les armateurs de navires étudient depuis longtemps des techniques pour réduire les émissions et décarboner le secteur, elles en sont encore majoritairement au stade du balbutiement. Canopée, lui, est désormais bien réel. Et en relevant le pari du navire hybride, il montre le cap à suivre. Celui de cargos plus responsables, qui ambitionnent de réduire au maximum leur empreinte carbone.
© Tom Van Oossanen
Intelligence collective
Opéré par la société française Alizée, Canopée est le fruit d’une véritable intelligence collective. Le bureau d’études VPLP Design lui a donné ses traits mais c’est en Pologne, sur les chantiers de Neptune Shipyard, que ce vaisseau spécial a vu le jour. Il ne manquait qu’un seul « détail » pour faire de lui le cargo doté du système hybride vélique et thermique le plus avancé au monde : des ailes adaptées à son envergure. Un défi relevé par l’entreprise française Ayro qui a mis au point les 4 Oceanwings® qu’arbore fièrement Canopée depuis cet été. Ses ailes verticales, hautes de 37 m, sont entièrement automatisées et peuvent pivoter à 360° pour s’adapter au vent. Nettement plus puissantes que des voiles classiques, elles lui permettent de maximiser l’usage de la propulsion vélique et de réduire de l’ordre de 30% sa consommation annuelle moyenne de combustible. Capable de déplacer 5.000 tonnes à une vitesse de 16,5 nœuds, Canopée doit assurer une dizaine de fois dans l’année des rotations entre les ports de Brême, de Rotterdam, du Havre, de Bordeaux, et celui de Pariacabo, non loin du Centre spatial guyanais.
© Tom Van Oossanen
Dans le grand bain
La première d’entre-elles a justement débuté le 27 décembre 2022, date à laquelle Canopée a quitté le port de Rotterdam à l’assaut des vagues le séparant de la Guyane française. Plus qu’une traversée transatlantique, cette première rotation avait pour objectifs d’effectuer une série d’essais en mer, de perfectionner la route maritime que Canopée empruntera régulièrement à l’avenir et de vérifier que les infrastructures portuaires sont bien aptes à l’accueillir. Quand il a accosté au port de Pariacabo le 23 janvier 2023, tous les voyants étaient au vert. Canopée était qualifié en mer, répondant parfaitement aux objectifs. À son bord, l’équipage chargé du transport logistique n’attendait plus qu’une chose : qu’il déploie ses ailes. C’est chose faite depuis cet été, date à laquelle Canopée a été équipé de ses 4 Oceanwings®. Après une série d’essais, à quai puis en mer, ses ailes ont été définitivement déclarées aptes à la navigation. Canopée est maintenant prêt à entamer ses voyages entre les ports européens et Kourou, chargé des précieux éléments d’Ariane 6.